Tout est parti, paraît-il, d'un "ras-le-bol fiscal" : la taxe carbone, pourtant votée bien avant 2017, conséquence des accords de Paris que tout le monde avait salués comme une grande avancée écologique, en a fait les frais. Tant pis pour le climat...
On peut entendre qu'une partie (majoritaire ?) de la population refuse de payer des impôts, se trouve trop taxée. Mais peut-être faudrait-il, alors, en accepter les conséquences...
Quelle société voulons-nous ?
On pourrait, par exemple, baisser significativement les impôts en cessant de subventionner les transports publics. Cela signifierait une certaine hausse de pouvoir d'achat... pour ceux qui ne se déplacent pas, ou seulement pour partir en vacances. Pour les autres, cela voudrait dire payer son train ou son bus quotidien au juste prix... c'est à dire trois ou quatre fois plus cher qu'aujourd'hui. Les Parisiens, les Franciliens sont-ils prêts à payer leur pass Navigo autour de 450 € ?
De même, on pourrait décider de ne plus subventionner la culture. Cela aurait sûrement un certain impact sur le pouvoir d'achat... Mais cela signifierait la fin de toutes les aides à la création – la fin du théâtre et du cinéma français, la fermeture d'un grand nombre de musées, l'impossibilité pour ceux qui resteraient d'enrichir leurs collections, l'ouverture seulement un ou deux jours par semaine faute de personnel, le prix d'entrée multiplié par dix ou quinze... "M'en fous, diront certains, je ne vais jamais au cinéma ni au musée." Oui, mais accessoirement, cela signifierait le chômage pour un très grand nombre d'intermittents du spectacle, et de travailleurs de la culture...
On pourrait décider qu'après tout, l'école étant obligatoire seulement jusqu'à 16 ans, elle ne serait plus ensuite financée par nos impôts. Est-il vraiment utile de détailler les conséquences d'une pareille décision ?
Et ne parlons pas de la santé... Quelle famille modeste pourrait payer le vrai prix d'un simple accouchement – et encore à condition qu'il n'y ait pas de complication... – autour de 2600 € ?
On peut vouloir une société sans État providence, recentré uniquement sur ses fonctions régaliennes : la sécurité intérieure et extérieure, l'armée, la police, la justice. Et qui laisserait tout le reste, santé, culture, sport, logement, éducation, aides en tous genres soit au privé, soit aux associations de bienfaisance... On peut.
Mais que se passerait-il ? Actuellement, si tout le monde paie la TVA, seule une grosse minorité s'acquitte de l'impôt sur le revenu. Cela représente un nombre considérable de participants aux dépenses communes... ce qui permet à chacun de bénéficier de services à moindre coût. Que l'on décide de réduire drastiquement ou de supprimer l'impôt, que se passera-t-il ? Les plus aisés, ceux qui auront la chance de pouvoir encore travailler, auront les moyens de payer une partie de ces services, au prix fort. Les autres, tout contents dans un premier temps de voir baisser les prix, s'apercevront bien vite qu'ils doivent renoncer à tout ce qui pouvait alléger leurs peines... Se déplacer, se loger, envoyer les enfants à l'école, se soigner leur semble aujourd'hui compliqué ; cela deviendra alors totalement impossible.
Quant au slogan simpliste "il faut faire payer les riches", il ne pourrait avoir un sens que si ceux-ci étaient condamnés, pieds et poings liés, à rester en France. Mais outre que c'est le meilleur moyen de décourager toute forme de mécénat et de sponsoring, c'est aussi le signal le plus efficace qu'il est déconseillé, voire impossible d'investir en France... Combien, encore une fois, d'emplois perdus ?
Le village d'Astérix est très amusant en BD. Mais dans la réalité, est-ce si agréable de vivre dans des huttes, au milieu d'un monde ultra civilisé auquel nous n'aurons plus accès ? Je l'avoue, Astérix ne me fait plus tellement rire...