Paru en janvier 2017 aux éditions Viviane Hamy, ce roman évoque à la fois l'univers de Giono, et, au moins dans son incipit, Les Âmes grises de Philippe Claudel : un narrateur nous annonce le récit d'une aventure tragique, dont il a été, des années auparavant, le témoin, et l'un des personnages secondaires...
Ce roman montre la destinée de trois générations, dans un village rural transformé par l'installation d'une carrière : les "fourmis blanches", travailleurs harassés de la carrière, couverts de poussière blanche, s'opposent aux paysans, tandis que la première génération est incarnée par André, un jeune médecin, qui s'installe aux Fontaines – dans la maison même où il avait vu mourir un enfant sans pouvoir le sauver.
La seconde génération est celle de son fils, Bénédict, qui s'associe à son père puis lui succède ; lui aussi aime une femme de la ville ; mais alors qu'Élise, la femme d'André, n'avait jamais voulu s'installer aux Fontaines, la belle Agnès, elle, y vit au moins une partie du temps – suffisant pour y semer le désordre.
La troisième génération est celle de Bérangère, la fille de Bénédict, complètement intégrée au village, et amoureuse de Valère, un jeune fermier ; mais c'est à ce moment qu'Agnès, sa mère, se laisse séduire par le jeune homme... et donne naissance au petit Charles, le fils tant espéré par Bénédict...
Mais parce que le village tout entier vit sous le signe de la tragédie et de la mort, alors même que les carrières commencent à péricliter, le petit Charles va mourir dans un incendie, comme le vieil André, tandis que la maison est totalement détruite...
Bérangère restera au village, et épousera Valère ; mais Bénédict et Agnès, qui jamais n'ont été pleinement acceptés, quitteront les Fontaines.
Mais le roman laisse une certaine impression d'insatisfaction, d'inachèvement ; l'annonce solennelle du début – une histoire tragique et hors du commun – est une promesse pas tout à fait tenue : somme toute, André, puis Bénédict ont bien réussi leur vie, la mort du petit Charles n'est due qu'au hasard (la foudre est tombée sur la maison), et Bérangère épouse sagement son promis sans rien soupçonner de la liaison de celui-ci avec sa propre mère... Quant à l'arrière-plan social, la réussite économique puis le déclin d'une carrière, elle est à peine suggérée, sans que le lecteur n'en sente les effets sur la vie de ces gens...
C'est un joli roman, une agréable lecture d'été - mais ni Les Âmes fortes, ni Les Âmes grises...