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Le blog d Artemisia L
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CINEMA AU MANS

CINEMA AU MANS

CINEMA

Je viens d’offrir à la maison de retraite où habite ma mère une bonne trentaine de cassettes VHS, pour la plupart des films enregistrés à la télévision. Un peu, beaucoup, pour illustrer mes cours, au temps pas si lointain où je travaillais dans le secondaire. Un peu, beaucoup aussi par manie d’accumuler…

Disposer d’une vidéothèque, comme d’une « cassettothèque » de musique : enregistrer frénétiquement tout ce qui passe… et finalement ne jamais le regarder. Ou peut-être si, une fois. Des rayonnages entiers de films, des boîtes pleines de cassettes devenues inaudibles… Souci d’accumuler, de posséder. D’avoir là, à disposition.

A présent, j’ai plutôt envie de me libérer de tout cela, de faire du vide. Ne plus m’attacher aux choses, puisque de toutes façons elles se perdent, s’abîment, meurent. Seuls les livres échappent à cette malédiction… Eux, j’éprouve un besoin vital de les savoir là, près de moi. Plaisir du papier, plaisir de retrouver de vieilles annotations, une date… Toute une histoire.

Les photos, aussi, les albums… A présent, un par année. Comme un journal, pour fixer le temps qui passe, arracher les visages de ceux qu’on aime à la mort, à l’oubli. Et je les regarde souvent. Ils sont vivants.

Les cassettes, les films ne sont que des choses mortes. Il n’existe presque plus de magnétophones à cassettes ; et les magnétoscopes VHS sont en train de disparaître. Il ne restera plus que d’affreux boîtiers de plastique noir… encombrants et inutiles.

 

A présent, je préfère aller au cinéma. Surtout aux Cinéastes, le tout nouveau cinéma d’art et d’essai du Mans. Un hall propret où l’on prend les billets, où l’on peut feuilleter des livres que des cinéphiles ont disposé là, pour nous ; ou bien regarder distraitement les bandes annonces sur un écran… Il n’y manque qu’un distributeur de café !

Il y en avait un au vénérable Ciné-Poche, dans le vieux Mans, qui vient de fermer. Une vieille machine antédiluvienne, qui allait bien avec les lieux, désuets, un peu déglingués, sans prétention… Deux salles, pas très belles, pas très pratiques, mais où des générations de cinéphiles avaient usé leurs fonds de pantalon. Quelque chose d’un peu anar, un peu soixante-huitard… Nous nous y sentions bien. Mort, hélas ! Tué sur l’autel de la rentabilité…

Je ne déteste pas non plus le Colisée, au centre-ville, dans la si mal famée rue du Port (Hé oui, il y a un port au Mans, même si l’on n’y trouve plus guère de bateaux…). Entre les kebabs et les bars de nuit… Lui s’est un peu déguisé en « multiplexe » : sans doute pour rappeler l’affreux « Méga CGR » de Saint-Saturnin, qui appartient d’ailleurs au même propriétaire… Alors, il y a les caisses centrales, une boutique où l’on vend d’horribles pizzas américaines, et du pop corn (mais il faut bien dix minutes pour que la cafetière daigne livrer un minuscule café. Plutôt bon, du reste…) ; et de temps en temps une sonnerie stridente fait jaillir la caissière de sa cage de verre, pour appuyer sur je ne sais quel bouton…

 

Le cinéma, c’est cela aussi : ressortir le soir, ou bien couper une interminable après-midi de dimanche. Rentrer plus tard, ou s’offrir une salade au « Legend café » ; tenir la main de Lionel tout au long du film, observer le public – souvent de notre âge, ou plus vieux que nous – et rester, après la projection, un petit moment à ne rien dire, émus, attendris, ou mal à l’aise selon les cas… Et puis l’on se pose la question, presque timidement :

             Alors ? Qu’en penses-tu ?

Et l’on est le plus souvent du même avis : cela nous rassure ; nous sommes toujours en phase, après presque quinze ans de vie commune…